La contribution que l’IA peut apporter à la rédaction suppose d’avoir structuré x organisé son travail avec l'IA. Quelques repères suivent…

#1 Définir un plan clair et détaillé 

Cette règle, qui vaut bien au-delà de l’usage de l’IA, dessine la première étape, la plus cruciale : définir un plan détaillé du contenu. Dans un domaine aussi vaste que « l’IA et la formation », structurer ses idées dès le début avec un plan bien défini aide à organiser précisément, logiquement et de façon cohérente, les informations qu’on souhaite délivrer. La rédaction du plan est une étape fastidieuse qui peut être longue ; pour l’écriture du livre, elle m’a demandé plus de deux jours de remaniements successifs afin d’obtenir la suite logique la plus pédagogique pour un lecteur. À la différence d’un plan traditionnel, un plan travaillé avec l’IA doit inclure au moins cinq niveaux de profondeur (1.1.1.1.1.) pour pouvoir traiter les idées par OPPs (objectifs pédagogiques particuliers) et non par OPGs (objectifs pédagogiques globaux, auxquels j’ai attribué le niveau 1.1). Dans mes conversations avec l’IA, je me suis attribuée le rôle de l’« avocat du diable » : l’IA devait challenger mes idées, non pas me donner des réponses. 

#2 Organiser les conversations avec l’IA

Chaque sous-partie du livre est abordée avec des « prompts » spécifiques, organisés dans des conversations distinctes. Là encore, une approche structurée est requise pour obtenir des résultats exploitables et de qualité. Chaque conversation (chat), correspond au niveau (1.1.1.1.1.1) du plan (les OPPs) et commence par un méga-prompt suivi d’itérations sous forme de multiprompts. Les sujets, ainsi traités séparément, permettent de revenir dessus pour alimenter l’IA, ajouter des contenus ou ajuster des axes. 

#3 Utiliser l’IA de manière adaptée

L’IA doit être utilisée de manière adaptée pour en tirer le meilleur parti. La technique de mégaprompting, utilisée comme interface d’échange initiale, permet de cadrer les interactions avec l’IA : rôle de l’IA, contexte, les objectifs, données à utiliser, style rédactionnel et format de sortie. Écrire un livre ou un mémoire avec l’IA, cela ne consiste pas à demander à l’IA de rédiger à partir de « ses » propres connaissances, mais à l’amener à intégrer et à structurer mes savoirs, voire à les challenger si nécessaire, et à m’aider à les mettre en forme. Pour ce livre, l’IA a été utilisée comme un assistant de recherche, grâce à la fonctionnalité speech-to-text de l'application ChatGPT sur smartphone pour une transmission fluide et naturelle du savoir, réorganisant efficacement les informations.

#4 Instructions personnalisées

L'utilisation des instructions personnalisées a été clé. En définissant explicitement le rôle de l'IA et en lui fournissant un contexte précis, ses réponses ont été plus ciblées et pertinentes. Voici un extrait des instructions personnalisées utilisées : « J'aimerais que ChatGPT réponde comme un assistant de recherche ou prenne un rôle d’avocat du diable quand je lui demande, avec des détails, des arguments et de la précision. Les sources sont très importantes. Son rôle est de m'aider à synthétiser de grandes quantités d'informations sans les dénaturer ni en perdre le contenu. Voici les consignes pour les réponses :

- Réponds comme un expert co-auteur du texte que nous générons

- Toute affirmation, opinion ou chiffre doit être accompagné d'une référence à une source authentique et publiée

- Ne crée jamais tes propres sources

- Les réponses doivent être claires et précises, en étant économe en mots mais sans compromettre la clarté, le détail et la précision

- Suis mes instructions à la lettre ».

Cette approche combinée entre les mégaprompts et les instructions personnalisées a permis d'éviter de répéter les attentes générales à chaque prompt, précisant uniquement le rôle spécifique nécessaire.

#5 Utiliser des IA complémentaires

Bien que ChatGPT, notamment GPT-4 en speech-to-text, ait été l'IA principale, d'autres outils comme Perplexity ont également été utilisés pour enrichir les réponses et diversifier les perspectives. Perplexity, par exemple, s'est avéré excellent pour croiser des documents de recherche et apporter de nouvelles sources, comblant ainsi les limitations de chaque outil et renforçant la qualité du contenu généré.

#6 Faire preuve d’esprit critique, vérifier, itérer pour ensuite concaténer

Une fois les sous-parties assez mûres, un processus de relecture, corrections, itérations et enrichissement par de nouvelles connaissances a permis de lier toutes les informations selon le plan établi.

Pour aller plus loin…

Une critique fréquente des contenus générés par l'IA est leur qualité variable. Pour pallier ce problème, il est crucial de structurer les prompts et de faire preuve de discernement dans l'évaluation des réponses. La qualité des résultats dépend largement de la clarté et de la précision des commandes données à l'IA. L'utilisation de l'IA soulève aussi des questions éthiques, notamment en termes de transparence et d'originalité. Écrire avec l’IA nécessite d’adopter une méthodologie transparente dont j'ai détaillé le raisonnement dans mon ouvrage lecteurs. Cette approche méthodologique peut servir de réflexion aux formateurs encadrant des travaux d’écriture longs comme des mémoires. Il est illusoire de penser que les apprenants n’utiliseront pas l’IA pour leurs travaux. Les encourager à remplir une grille d’usage de l’IA dans le cadre de leurs travaux d’écriture est une pratique intéressante. Présenter une réflexion, un regard critique et une méthodologie de travail avec l’IA tout en montrant des prompts et leurs résultats semble prometteur. L'intégration de l'IA dans les pratiques pédagogiques nécessite une mise à jour régulière des compétences. Les formateurs doivent se former continuellement aux nouvelles technologies et méthodologies pour rester pertinents face aux usages de leurs apprenants.

Pour en savoir plus : Je maîtrise l'IA pour la formation